« Je me permets » ou « je me permet » ?

0
3939
Stylo et carnet

Vous vous demandez l’utilité de l’orthographe ? Cela peut vous aider à éviter des bévues comme « Mais, où est donc Ornicar » en énumérant les conjonctions de coordination pendant une dictée ainsi que certains malentendus. À l’oral, les phrases « Les veaux tournoyaient dans les nuages » et « les vautours noyés dans les nuages » sonnent identiques, n’est-ce pas ? Toutefois, à l’écrit, leurs sens changent radicalement. Le même cas se présente pour « je me permets » et « je me permet » du verbe « se permettre ». Leur différence tient à un seul « s », mais comme on dit, à petite chose grande conséquence. En effet, le contexte d’utilisation de « permets » et de « permet » dépend du sujet.

Comment connaître l’orthographe exacte ?

« Permettre » est un verbe du troisième groupe (terminaison -re). À titre informatif, il s’agit d’un verbe transitif direct, c’est –à-dire qu’il accepte un complément d’objet direct (COD). Toutefois, il possède une forme pronominale. Dans ce cas, les pronoms réfléchis « me, te, se, nous, vous, se » placés devant le verbe sont des compléments d’objet indirect.

Au présent de l’indicatif, le verbe « permettre » se conjugue ainsi :

Je permets – Je me permets

Tu permets – Tu te permets

Il/elle permet – Il/elle se permet

Nous permettons – Nous nous permettons

Vous permettez – Vous vous permettez

Ils/elles permettent – Ils/elles se permettent

Vous aurez remarqué, la forme correcte de « je me permets » se termine donc par un « s ». L’orthographe « permet » sans « s » correspond au verbe « permettre » conjugué à la troisième personne du singulier au présent de l’indicatif.

La différence entre « permettre » et « se permettre »

Le verbe transitif « permettre » peut être interprété de plusieurs manières : donner une autorisation, tolérer une situation ou rendre possible un projet.

Exemples :

  • Pourquoi permets-tu que cette personne te parle ainsi ?

  • Il permet à ses employés de rentrer plus tôt aujourd’hui.

  • Ce financement permet de développer ce logiciel.

Un pronom réfléchi placé devant un verbe lui donne une toute nouvelle signification. La forme réfléchie « se permettre » signifie prendre la liberté de faire quelque chose (la plupart du temps à l’insu d’autrui).

Exemples :

  • Il se permet de fouiller dans mes affaires.

  • Si je peux me permettre de donner mon avis.

  • Puis-je me permettre de vous accompagner ?

La conjugaison de verbes similaire pour ne plus se tromper

Si la confusion entre « Je me permets » et « je me permet » est assez courante à l’écrit, d’autres verbes du troisième groupe sont dans un cas similaire. La même faute d’orthographe se présente souvent pour « je me mets » et « je me met », « je me remets » et « je me remet », « je me soumets » et « je me soumet » ou encore « je me compromets » et « je me compromet ».

Tout comme « se permettre », ces verbes prennent toujours un « s » à la première et à la deuxième personne du singulier au présent de l’indicatif. Ils se terminent par « t » à la troisième personne du singulier.

Avec « mettre » et « se mettre »

  • Je mets votre colère sur le compte du stress et de la fatigue.

  • Tu mets la charrue avant les bœufs.

  • L’accusé se met finalement à table.

  • Je me mets sur mon trente-et-un pour assister à une réception.

  • Il se met la pression inutilement.

  • Elle se met à chanter un air populaire.

Avec « remettre » et « se remettre »

  • Je remets toujours mes devoirs aux lendemains.

  • Il remet sa chambre en ordre.

  • Ce scandale remet en cause votre intégrité.

  • Je m’en remets à votre jugement avant de prendre une décision.

  • Il s’en remet entièrement à vous pour traiter cette délicate affaire.

  • Elle se remet tout doucement d’une longue maladie.

Avec « soumettre » et « se soumettre »

  • Je soumets mon projet à des investisseurs.

  • Il soumet un échantillon de sang pour des analyses.

  • Elle soumet son dossier de candidature pour l’université.

  • Tu ne te soumets pas facilement à la peur.

  • Il se soumet à un test de paternité.

  • Il se soumet au règlement.

Avec « compromettre » et « se compromettre »

  • Cette information compromet ses chances de briguer un second mandat.

  • En ratant les cours, tu compromets tes chances de réussir ton examen.

  • Tu compromets ton amitié avec Pierre en agissant ainsi.

  • « Voilà maintenant que je me compromets avec toi par l’écriture, jusqu’où irai-je ? »

  • Elle se compromet en fréquentant une personne peu recommandable.

  • Tu te compromets en diffusant de fausses informations.

Vous savez désormais que choisir entre « je me permets » et « je me permet ». Alors, à vos stylos !